Crédits : Tesla Motors Elon Musk ressemblait à un enfant qui entre dans une usine de jouets. En 2010, le CEO du jeune constructeur automobile Tesla Motors avait 39 ans. Il se tenait à l’étage principal de l’usine de New United Motor Manufacturing et regardait avec émerveillement une machine gigantesque qui se trouvait plus haut. L’usine automobile, surnommée Nummi, est située à Fremont, en Californie, mais c’est une véritable ville industrielle à elle toute seule. Elle recouvre 1,5 million de mètres carrés et contient une usine de fabrication de moules en plastique, deux installations de peinture, 2,4 kilomètres de chaînes de montage et une centrale électrique de 50 mégawatts. Depuis 1984, Toyota et General Motors partageaient les lieux, y produisant jusqu’à 450 000 voitures par an jusqu’à sa fermeture en avril 2010. Aujourd’hui, après un remarquable retournement de situation, Elon Musk en est le propriétaire. Ce twist a semblé le surprendre tout autant que le reste du secteur. Pendant des années, l’entrepreneur à l’ambition démesurée n’avait même pas le droit de visiter l’usine. Les anciens propriétaires de l’endroit n’étaient pas à l’aise avec le fait qu’un potentiel concurrent puisse se promener librement dans le complexe. Non pas qu’ils aient eu grand-chose à craindre : en 2009, Tesla n’était parvenu à produire qu’environ 800 voitures de sport électriques à haute performance. En somme, c’était un constructeur de niche dans une industrie qui produit à la chaîne des millions de véhicules. Jusqu’ici, Tesla avait externalisé la majeure partie de la production du Roadster, assemblant les voitures une par une dans un garage situé derrière son showroom de Menlo Park, en Californie. (L’endroit abritait autrefois un concessionnaire Chevrolet.) Évidemment, la fabrication à grande échelle était impossible ici. Musk avait besoin d’une installation digne de ce nom, comme Nummi, mais l’usine avait récemment été valorisée à près d’un milliard de dollars – bien plus que ce qu’une petite start-up pouvait rêver de s’offrir. Lors de sa première visite à Nummi, Musk portait un casque de sécurité, une blouse bleue et des lunettes de sécurité en plastique. Il agissait le plus discrètement possible dans l’espoir de ne pas être reconnu. Tandis qu’un des responsables de l’usine le guidait à travers l’usine, il était frappé par l’immensité de l’endroit et avait du mal à réprimer son excitation. Des centaines de Toyota Corolla et de 4×4 Tacoma avançaient le long des chaînes de montage. Des milliers d’employés s’affairaient autour des machines. C’était tout ce dont il avait rêvé pour Tesla. Au culot, il a offert ce qu’il avait budgétisé pour une plus modeste installation : 42 millions de dollars. Un mois plus tard, à son grand étonnement, l’offre était acceptée. À présent qu’il visitait l’usine pour la seconde fois – la première en tant que propriétaire –, Musk essayait de prendre ses repères. Musk déambulait entre les rangées de perceuses robotiques immobiles. Une grue immense se dressait à côté d’une presse-plieuse d’acier de 18 mètres de haut, mais sous le plafond d’une hauteur vertigineuse, même elle paraissait petite. Pendant un moment, Musk a semblé dépassé par ce dans quoi il s’était embarqué. « Bordel, cet endroit est immense », a-t-il dit avant de sourire soudainement. « C’est parfait. » Crédits : Tesla Motors Joshua Davis Découvrez comment Elon Musk a sauvé Tesla pour en faire le constructeur automobile du futur.