En décembre 2015, la saga Donald Trump s’est finalement achevée en Indonésie, État archipel de 250 millions d’habitants qui chevauche les océans Indien et Pacifique. Car oui, l’Indonésie a vécu une saga Donald Trump. L’histoire est aussi bizarre que vous pouvez vous l’imaginer, et elle s’est déroulée ainsi : En septembre 2015, Donald Trump a tenu une conférence de presse pour sa campagne présidentielle à la Trump Tower de New York. Vers la fin de la conférence, Trump a sorti un lapin de son chapeau en présentant Setya Novanto, président de la Chambre des Représentants de l’Indonésie. Avec grandiloquence, comme à son habitude, Trump a annoncé : « C’est le président de la Chambre des Représentants de l’Indonésie, il est venu ici pour me voir. Il fait partie des personnes les plus puissantes du monde et c’est un grand homme. » Puis il a continué : « Nous ferons de grandes choses ensemble pour les États-Unis, n’est-ce pas ? » Novanto a répondu par l’affirmative, posant pour les photographes avec des partisanes qui brandissaient des pancartes de la campagne de Trump. Les photos de l’événement ont rapidement fait la une en Indonésie. Les électeurs étaient mécontents de voir qu’un de leur principal représentant était traité comme un vulgaire soutien dans un rassemblement de campagne triomphal organisé par un milliardaire américain. Sans oublier le fait que Novanto était venu pour « servir » les États-Unis. Il s’est ensuite avéré que Novanto avait utilisé des fonds publics pour rendre visite à Trump, alors même que Novanto n’avait aucune raison légitime de se trouve en Amérique. Setya Novanto et Donald Trump Crédits : YouTube Cette histoire s’est transformée en véritable scandale, dominant l’actualité indonésienne pendant des jours. Novanto a été traîné devant un comité d’éthique et son parti politique a dû s’excuser publiquement en son nom. Ça a été la première d’une série d’allégations de corruption faites contre Novanto, qui a quitté sa fonction de président de la Chambre des Représentants en décembre dernier quand des enregistrements ont été divulgués, prouvant qu’il avait exigé de l’argent d’une société minière pour le renouvellement de leur licence d’exploitation. Alors pour les Indonésiens qui n’arrivaient pas à comprendre que Trump – l’homme qu’il connaissaient grâce à l’émission de télé-réalité The Celebrity Apprentice – était l’un des candidats favoris à l’élection présidentielle américaine, les choses se sont simplifiées : Trump était une version américaine de Novanto, un abject oligarque de plus. Pour Arlian Buana, éditeur du magazine satirique indonésien Mojjok.co, c’était le scandale politique parfait. Selon lui, « Donald Trump est vu comme un personnage ridicule de l’autre côté de la planète ». Son magazine a pleinement profité de l’absurdité de la situation en écrivant plusieurs articles traités des réunions de politiciens indonésiens avec Donald. Et comme vous pouvez l’imaginer dans l’un des pays les plus peuplés au monde avec une majorité d’habitants de confession musulmane, à partir du moment où ce scandale a attiré l’attention des gens sur Trump, ses déclarations incendiaires à l’égard des musulmans ont outragé beaucoup d’Indonésiens. Hanum Atika, une jeune diplômée de Yogyakarta, en Indonésie, explique qu’elle n’a pas vraiment apprécié que Trump soit lié avec certains des politiciens les plus corrompus du pays. C’est seulement après ce scandale qu’elle a entendu parler des commentaires que Trump avait fait sur les musulmans. « Son idée d’interdire l’entrée des États-Unis aux musulmans est insensée. » Elle renchérit : « Il ne devrait absolument pas dire des choses pareilles. Il devrait partir et vivre dans la forêt, pas se présenter à la présidence des États-Unis ! » Jon Emont Le reste du monde ne peut pas encadrer Donald Trump. ↓