En août 2014, un atelier organisé par la XPrize Foundation a rassemblé de nombreux scientifiques de renoms afin d’explorer et de développer des possibilités low-cost pour établir une base permanente habitable sur la Lune. Le dernier numéro de la revue spécialisée New Space, paru ce mois-ci, compile certains des travaux qui ont vu le jour grâce à l’atelier. Si les neuf articles présentent des différences, tous s’entendent sur un point : nous sommes tout à fait capables d’installer une base permanente sur la Lune sans dépenser des sommes astronomiques. « La raison pour laquelle tous les précédents projets de ce genre ont été avortés, c’est parce qu’ils coûtaient une fortune », explique l’astrobiologiste de la NASA Chris McKay au magazine Popular Science. « Le programme spatial américain vit dans l’illusion d’un budget illimité, et cela remonte à Apollo. » Selon les standards d’aujourd’hui, le programme Apollo – qui a envoyé les premiers hommes sur la Lune – aurait coûté 150 milliards de dollars. À titre de comparaison, le budget total de la NASA pour 2016 est de 19,6 milliards de dollars. Mais d’après les auteurs des articles de la revue, il serait possible à l’agence spatiale d’installer une base lunaire d’ici 2022, pour moins de dix milliards de dollars. « Les nouvelles technologies », poursuit McKay, « dont certaines n’ont rien à voir avec l’aérospatiale – comme les voitures autonomes ou les toilettes qui recyclent leurs déchets –, vont se montrer extrêmement utiles dans l’espace. Elles vont faire tomber les coûts d’une base spatiale et ainsi la rendre plus simple à produire. » Pourtant, la NASA ne prévoit pas d’envoyer à nouveau des hommes sur la Lune et focalise son attention sur Mars, qu’on pourrait rejoindre dans les années 2030. Mais McKay et ses collègues ne voient rien de contradictoire là-dedans. « En soi, la Lune n’a pas plus d’intérêt qu’une boule de béton », dit l’astrobiologiste. « Mais on n’installera pas de base sur Mars avant d’en avoir installé une sur la Lune. Elle va nous servir de banc d’essai pour Mars. » Une base lunaire permettrait en effet de tester de nouveaux systèmes de propulsion, ainsi que des prototypes d’habitats, de communications et de systèmes de survie avant de faire le grand saut – il suffit de quelques jours pour aller sur la Lune, contre neuf mois pour mars. Le principal problème pour le moment, selon McKay, c’est que l’Agence spatiale américaine a tendance à penser qu’il faut choisir entre les deux. « Le plus gros obstacle, c’est de réussir à rassembler tout le monde autour de la possibilité d’une base lunaire low-cost comme point de départ. Si les gens pensent que ça va exploser le budget, la conversation est terminée et le brainstorming n’a pas lieu. Mais si nous pouvons changer cet état d’esprit, nous allons pouvoir en discuter sérieusement et faire de ce rêve une réalité. » L’ESA songe aussi à installer une base sur la Lune Crédits : ESA Source : New Space/Popular Science Le tourisme spatial se démocratisera peut-être avant ça. ↓