Comment la Chine peut-elle affirmer qu’il existe 870 bouddhas vivants ?
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Le 18 janvier dernier, le Conseil des affaires de l’État de la République populaire de Chine a publié une liste officielle des 870 « bouddhas vivants » qui, au sein du bouddhisme tibétain, sont accueillis comme les réincarnations de lamas éminents. La liste est accessible en ligne et inclue le nom, la photo, le titre monastique, la date de naissance, le certificat et le monastère de résidence de chacun de ces bouddhas. Le nombre de bouddhas s’est accru de manière spectaculaire en l’espace d’un mois – le gouvernement chinois en recensait 358 en septembre de l’année dernière, et 360 en décembre. Comment ce nombre a-t-il pu augmenter aussi vite ? Mais surtout, comment peut-on avérer un concept religieux comme la réincarnation ? La correspondante du Financial Times en Chine Lucy Hornby est d’avis que le gouvernement chinois a simplement désigné ces « bouddhas vivants » d’après les monastères les plus importants de la région. « Il ne fait aucun doute qu’il y a des enjeux politiques là-dessous, et l’on peut même supposer que la liste va encore s’allonger », dit-elle. Et comme pour beaucoup de choses en Chine, l’argent peut favoriser la désignation. Chaque élu local dispose d’un certain nombre de certificats de « bouddha vivant » qu’il peut délivrer à l’envi, notamment en l’échange de pots-de-vin. À terme, avance Hornby, le gouvernement chinois – la plus grande institution ouvertement athée du monde – espère réguler encore davantage la vie religieuse tibétaine en désignant lui-même ses leaders religieux. En 2007 déjà, l’Administration d’État pour les Affaires religieuses déclarait que toutes les réincarnations de « bouddhas vivants » (un terme inventé par les Chinois qui n’existe pas dans la culture tibétaine) devraient recevoir au préalable l’approbation du gouvernement, qui seul peut décider de qui se réincarne bel et bien.
L’actuel dalaï-lama, en exil depuis 1959 Crédits : Seattle Municipal Archives