Dans une industrie au sein de laquelle personne ne sait rien, il est finalement apparu quelqu’un qui semblait savoir des choses : Ryan Kavanaugh. Homme-enfant aux cheveux roux en pétard, le sourire malicieux, toujours en jean et en Converse, Kavanaugh détenait l’incroyable pouvoir d’attirer l’attention de toute une pièce et de prévoir comment gagner de l’argent en faisant des films. Il n’avait pas 30 ans lorsqu’il a fondé Relativity Media en 2004, et il est rapidement devenu non seulement un homme de pouvoir à Hollywood, mais aussi celui qui allait peut-être sauver l’industrie. Face à un nombre toujours plus réduit de studios sortant de moins en moins de films – mis à part ceux où figurent des stars en costumes de super-héros –, Kavanaugh a d’abord été bailleur de fonds pour les studios avant d’investir dans des films plus consistants, à moyens budgets. Aux yeux des banquiers, Kavanaugh semblait avoir cracké le code, il avait trouvé le moyen de faire des prévisions dans un secteur réputé pour son imprévisibilité, en remplaçant les caprices de l’intuition par des certitudes mathématiques.
Même Hollywood n’avait pas l’habitude d’entendre un si bon pitch. Kavanaugh éblouissait et déconcertait son auditoire à tour de rôle, parlant vite, gribouillant des chiffres, des flèches et des lignes sur des tableaux Velleda, projetant des feuilles de calculs. « On se laisse prendre par son enthousiasme », dit un ancien collègue du pouvoir de persuasion de Kavanaugh. « C’est comme essayer d’analyser l’amour. Je sais que ça a l’air absurde, mais c’est le genre de charisme qu’a ce type. » Kavanaugh savait quand il fallait adopter le langage Wall Street, parler de modèles financiers et de limitations des risques et appeler les films des « trucs ». Il savait aussi quand arrêter et faire pleuvoir sur les banquiers la douce monnaie de l’industrie du film : les bords de piscine au Château Marmont et la compagnie des célébrités. Il était le « roi du savoir-s’amuser », comme le dit l’un de ses associés. Son amitié avec Bradley Cooper et Leonardo DiCaprio, ses vols en jet privé avec les actrices Kate Bosworth et Natalie Portman, ses incroyables dons aux œuvres de charité et ses pourboires discrets dans les restaurants… tout ceci est devenu partie intégrante de son business, une preuve de plus de son succès.
Plus tard, quand la chance de Relativity a tourné, les hélicoptères, les grandes déclarations et l’inclusion sur la liste Forbes des milliardaires sont devenus encore plus importants pour l’image de Kavanaugh, tout comme ils ont commencé à souligner son éloignement d’avec la réalité. Même aujourd’hui, alors que Kavanaugh bataille pour sauver Relativity de la faillite et ressemble de plus en plus à un faux prophète, ses adeptes déçus tout comme ses opposants les plus fervents s’accordent à dire qu’il est l’un des plus grands vendeurs qu’Hollywood a jamais connu. « Cela fait très longtemps qu’on n’avait pas vu ça », dit Jon Schwartz, un ancien cadre de Relativity, qui se souvient avec plaisir de sa rencontre avec le producteur Al Ruddy pour envisager un remake de L’Équipée du Cannonball : « À la fin du rendez-vous, après que Ryan soit parti, Ruddy a dit : “Je n’ai rien compris à ce qui vient de se passer mais j’en suis très content.” »
L’idée du siècle
Jim Wiatt, qui dirigeait à l’époque l’agence Morris, se souvient du jour de 2003 où Kavanaugh a révélé son plan pour la première fois. « Il m’a parlé de l’idée de Relativity », raconte Wiatt, qui a plus tard rejoint l’entreprise. « Je me souviens lui avoir dit : “Mon Dieu, mais comment tu vas faire marcher un truc pareil ?” » Kavanaugh a passé sa vingtaine à monter une firme de capital-risque avec son père à Los Angeles. L’expérience n’a pas rencontré le succès mais lui a appris à lever de l’argent et à gérer les egos des magnats d’Hollywood. Sa première action dans l’industrie du film a été d’utiliser cette expérience pour faire signer des contrats entre Wall Street et les studios de production. Il s’est associé à Lynwook Spinks, un ancien cadre de Carolco, un studio indépendant aujourd’hui disparu, dont le vaste réseau de contacts dans l’industrie a contrebalancé la jeunesse de Kavanaugh. Mais c’est ce dernier qui avait le nez pour détecter les changements dans la demande du moment. Les studios, réagencés en conglomérat depuis peu, venaient de perdre un abri fiscal allemand très arrangeant et cherchaient de nouvelles façons de financer les films tout en limitant les prises de risques. Pendant ce temps, Le bulle financière de Wall Street gonflait à nouveau et les catégories de capitaux alternatifs – droits de franchise de restaurants, droits sur les brevets de médicaments – faisaient rage. Kavanaugh épiait les opportunités dans les tourbillons du marché.
Parce qu’il est impossible de prévoir le succès que va connaître un film, les producteurs se sont toujours protégés en pariant sur une liste de plusieurs films. Mais Kavanaugh a présenté aux banques deux grandes idées : en empruntant un outil à Wall Street, il a vendu son « modèle Monte Carlo », un logiciel générant des milliers de simulations, comme l’instrument capable de prévoir le succès d’un film de façon bien plus fiable que n’importe quel producteur, même chevronné. Mieux, Kavanaugh a convaincu plusieurs studios de production qu’il pourrait lever plus d’argent s’ils lui donnaient accès à leurs chiffres bien gardés, montrant les performances passées ou prévues des films sur différentes plateformes (DVD, VOD, etc.), sur plusieurs années. Si, par exemple, un studio de production envisageait de faire un prequel des Incorruptibles avec Nicolas Cage et Gerard Butler, qui serait réalisé par Brian De Palma, Kavanaugh affirmait qu’il était en mesure d’évaluer l’investissement potentiel en entrant dans son modèle différentes données chiffrées correspondant à des performances réalisées dans le passé, des scores de Cage au box-office dans un genre particulier à ceux de De Palma dans une certaine catégorie de budgets. En appliquant cette analyse à toute la liste de films d’un studio de production, il se disait capable de trouver les meilleurs projets de films et de diriger l’argent des investisseurs uniquement vers ceux-là. Bientôt, les grands magazines se sont mis à dépeindre Kavanaugh comme un prodige des maths régnant sur une « équipe de geeks » qui passait des « marathons nocturnes » à effectuer des calculs sans fin, à l’aide de quatre ordinateurs reliés les uns aux autres crachant des centaines de pages d’analyse. En quelques années, il a réussi à obtenir des banques et des fonds d’investissement des milliards de dollars en financements pour Hollywood. Il a négocié un crédit renouvelable de 525 millions de dollars de Merril Lynch pour Marvel Entertainment, et 264 millions de dollars en cofinancement du fonds de couverture du Wisconsin Stark Investments pour six films de la Warner. Pour son premier fonds d’investissement spéculatif, Gun Hill 1, Kavanaugh a levé 600 millions de dollars à travers la Deutsche Bank pour cofinancer 18 films avec Universal et Sony. D’autres ont suivi. Relativity prenait une commission d’un million de dollars par film dans chaque levée de fond, et Kavanaugh insistait astucieusement pour se voir crédité au générique de chaque film financé (des dizaines) en tant que producteur exécutif – ce qui a donné à Relativity l’aura d’une société de production et à Kavanaugh celle d’un producteur. Il a cultivé cette image, parlant du film de Sony The Social Network et de celui d’Universal Reviens-moi comme de « films de Relativity ». Maintenant qu’il était devenu le genre de personnes qu’adore Hollywood – un gros chéquier, ou le représentant d’un gros chéquier –, les producteurs commençaient à lui apporter des projets de films au coup par coup dans l’espoir qu’il pourrait les financer.
L’un de ces premiers films, 3 h 10 pour Yuma, a reçu de bonnes critiques et a très bien marché au box-office lors de sa sortie en septembre 2007. Un article de Variety publié le mois suivant rapportait que les investisseurs de Gun Hill 1 avaient un taux de rendement de 13 %, qui allait grimper à 18 % dans les cinq années à suivre. Kavanaugh était déjà prêt à se montrer généreux avec les fruits de son succès. Lors d’un gala de charité de Habitat for Humanity, en novembre de cette année-là, il a fait don d’un million de dollars et est devenu président de la campagne de levée de fonds de l’organisation. Après quoi Kavanaugh a fait ce que toute personne ayant commencé comme intermédiaire financier à Hollywood veut faire : il a décidé de produire lui-même des films. Et pourquoi pas ? Gagner une commission d’un million de dollars par film produit par quelqu’un d’autre était une bonne affaire, mais ce n’était pas très excitant. S’il parvenait à exploiter le même algorithme qui avait prévu le futur de 3 h 10 pour Yuma – Russel Crowe + Christian Bale + des pâturages et des pistolets = Numéro 1 le week-end de sa sortie + un score de 89 % sur Rotten Tomatoes – pour produire les films de Relativity, et s’il montait son propre studio autour d’eux, il pourrait alors gagner un sacré paquet d’argent. Il aimait dire que la machinerie des studios de production était dysfonctionnelle et qu’il savait comment la réparer : face aux gros studios, Relativity se ferait petit ; face aux studios obsédés par les gros succès bâclés, Relativity parierait sur les films de qualité. La société couvrirait ses prises de risques ailleurs, en prenant en charge la plus grande partie du budget d’un film grâce aux préventes à l’étranger, aux crédits d’impôts sur les lieux de tournage et en alignant les primes de Relativity sur celles des acteurs.
L’histoire personnelle de Kavanaugh ne ressemble pas vraiment à celle d’un orphelin cireur de chaussures.
Kavanaugh s’est révélé aussi efficace pour lever de l’argent afin de lancer son propre studio de production qu’il l’était à financer les films des autres. Il a obtenu le concours de l’investisseur le plus exigeant qu’on puisse imaginer : Elliot Management, le fonds de couverture fondé par Paul Singer, un des plus gros donateurs du parti Républicain. Elliott avait déjà pris part à Gun Hill 1, et un cadre supérieur de la société, Chuck MacDonald, était impressionné par le business model de Kavanaugh – en particulier par la commission qu’il touchait peu importe les performances réelles des films. (De ce point de vue, Relativity jouait lui-même le rôle d’un fonds de couverture.) Elliott savait que Kavanaugh voulait monter son propre studio de production, mais la firme était rassurée de savoir que la méthodologie de son propriétaire et son modèle de couverture des risques garantirait au studio de livrer un flot ininterrompu de films rapportant du simple au double.
Fin 2008, d’après une source proche d’Elliott, la firme a payé 67 millions de dollars pour 49,5 % des parts de Relativity, et Kavanaugh a rapidement réalisé une série d’accords malins et opportunistes. Il a récupéré les accords durables de distribution à l’étranger de New Line, ce qui voulait dire que quasi 50 % du budget d’un film de Relativity serait couvert d’avance. La compagnie a également décroché un contrat lucratif avec Netflix et fait l’acquisition d’Overture, une société de distribution locale, pour à peine plus que son coût de fonctionnement. Le studio a lancé des départements TV et musique, et Elliott a fourni 100 millions de dollars en prêts avec lesquels Relativity a pu financer des films au coup par coup. (Ce chiffre, ainsi que d’autres figurant dans cet article, sont contestés par Relativity.) Pour de nombreuses personnes ayant travaillé à Relativity, l’excitation de côtoyer Kavanaugh pesait plus lourd que les tâches inhabituelles qu’elles devaient parfois effectuer. En 2010, après que Relativity a sorti son film Fighter, Kavanaugh s’est vu refuser l’un des trois crédits de producteur au générique, qui lui aurait accordé le droit de monter sur scène dans le cas d’un Oscar du meilleur film. Les producteurs crédités ont plaidé sa cause, mais d’anciens cadres de Relativity racontent que lorsque Kavanaugh a fait appel de la décision, le personnel a aussi reçu l’ordre de créer de fausses preuves en soumettant des notes du président de la production Robbie Brenner sur le premier montage du film, un calendrier des visites du président de la société, Tucker Tooley, et des réunions de production, en prétendant qu’elles étaient celles de Kavanaugh. Bien que l’appel ait été rejeté, Kavanaugh a réussi à s’offrir un lot de consolation le soir des Golden Globes, où Fighter a reçu deux récompenses sur six nominations. Alors que Christian Bale acceptait son trophée de meilleur second rôle, il a déclaré, entre les remerciements : « Ryan », en pointant du doigt Kavanaugh, qui était assis à une table près de la scène. « C’est un accord que nous avons passé un peu plus tôt », a dit Bale. « Je devais l’introduire personnellement. Ryan, de Relativity. »
La vie de Ryan
Fighter trouvait un écho personnel chez Kavanaugh. « Je ne sais pas si vous connaissez mon histoire », a-t-il confié à Movieline, se comparant au boxer opprimé joué par mark Wahlberg dans le film, « mais avant Hollywood, j’étais fauché et on me disait : “Tu n’arriveras jamais à rien dans cette ville.” »
L’histoire personnelle de Kavanaugh ne ressemble pas vraiment à celle d’un orphelin cireur de chaussures. Sa mère, Leslie, diplômée de Beverly Hills High, était une brillante agente immobilière chez Sotherby ; son père, Jack, était un entrepreneur hautement qualifié ; et Ryan a été scolarisé à la Brentwood School. Mais chez les Kavanaugh, la richesse se mêlait à des aspirations anxieuses, d’une façon qu’on retrouve probablement chez beaucoup de familles, parmi les décideurs d’Hollywood. Jack Konitz, fils de survivants de l’Holocauste, avait changé son nom de famille en Kavanaugh et, dans un élan de zèle, prénommé son premier-né Ryan Colin Kavanaugh. Leslie était rousse, et comme Ryan était un enfant roux et couvert de tâches de rousseurs, le nom lui convenait parfaitement. Jack Kavanaugh mettait la barre haute. Il s’empressait de dire aux gens qu’il rencontrait qu’il parlait neuf langues, pouvait soulever 250 kilos en développé-couché et qu’il avait un QI de 180.
Ayant commencé sa carrière comme dentiste, il a plus tard obtenu un MBA et un diplôme de médecine. Jack et Leslie étaient très fiers de Matthew, le grand et beau frère de Ryan. Il était plus jeune que lui, mais « peu importe combien Ryan essayait, ce n’était jamais assez », raconte quelqu’un qui le connaissait étant enfant. La pression qu’il subissait à la maison s’est répercutée sur sa vie scolaire. « Ryan était connu pour pas mal de choses », se souvient un camarade de classe de Brentwood. « Il avait un énorme problème d’absentéisme. Il était très anxieux. Il avait la réputation d’être… un menteur pathologique est sûrement trop fort. Disons qu’il était doué pour mentir. » Ryan a brièvement été inscrit à l’université de Santa Barbara avant d’être transféré à UCLA. Il a pris part à la cérémonie de remise des diplômes de 1998 et s’est fait passer pour un diplômé pendant des années, bien qu’il ne l’ait pas réellement été avant 2012.
C’est avec son père, cependant, que Ryan a entrepris son premier gros coup, en tentant de faire fructifier des contacts tangents dans une affaire de capital-risque. Le frère de Jack, Russ, avait fait des travaux de construction pour le producteur Jon Peters, et lorsqu’il était ado, Ryan a commencé à passer du temps chez Peters puis, plus tard, à faire du courtage pour lui. Le Nasdaq était en pleine ascension, et Jack a dit à au moins un investisseur que lui et Ryan avaient développé une formule informatique qui permettait de limiter les pertes. Ryan travaillait dur pour impressionner les clients : une fois, il a envisagé de louer une Ferrari avant de se rendre à un rendez-vous avec un investisseur potentiel. Ça a marché.
Lorsqu’il a eu 25 ans, lui et son père avaient réussi, avec l’aide de Peters, alors puissant, à persuader certaines des figures les plus importantes d’Hollywood – parmi lesquelles Terry Semel, le patron de la Warner Bros., le président de Columbia/TriStar Mark Canton, le producteur de Batman Chuck Roven, et le producteur Jerry Bruckheimer – d’investir ce qu’un collègue de l’époque estime à 175 millions de dollars dans tout un éventail de fonds et de startups, dont un business de cartes de crédit prépayées du nom de PreNet. Ryan a brièvement été marié à Tracy Tanner, une maquilleuse de huit ans son aînée, et il a acheté une maison à trois millions de dollars sur les collines d’Hollywood. Après le début de la déflation du point-com en mars 2000, les investisseurs de Kavanaugh ont commencé à vouloir récupérer leur argent, et Kavanaugh est devenu difficile à trouver. Le 11 septembre, il a téléphoné au bureau pour dire qu’il était à Boston et chanceux d’être encore en vie, car il avait raté le vol 11 à cause d’une urgence médicale dans la famille de sa petite amie (un récit confirmé par cette dernière). Une semaine plus tard, à l’hôtel Peninsula de Beverly Hills, plus d’une centaine d’actionnaires inquiets se sont rassemblés pour écouter le président de PreNet, John Chaney, leur expliquer que la société n’avait jamais reçu les millions de dollars que le fonds de Kavanaugh était censé investir dedans. (Cette allégation a été incluse dans les poursuites entamées par un des investisseurs contre Kavanaugh, qui ont plus tard été classées et réglées en dehors du tribunal. Elle est contestée par Relativity.) Kavanaugh n’était pas là mais ses parents l’étaient, et un des avocats s’est levé pour s’adresser directement à eux : « Vous avez de la chance que votre fils ne déambule pas en pyjama rayé. »
Au moins huit des investisseurs ont attaqué Kavanaugh en justice pour fraude, et les affaires se sont finalement résolues à l’amiable. Michael Sitrick, un consultant en relations publiques au regard déterminé, qui avait mis 6,2 millions de dollars dans un fonds qui, d’après ce que Kavanaugh lui avait garanti, allait contenir un panel diversifié d’actions publiques, l’a poursuivi pour négligence après avoir appris que 50 % du fonds était déjà investi dans PreNet et dans une autre société privée dans laquelle Kavanaugh avait une participation de contrôle : ce cas est passé en arbitration. L’arbitre a noté dans son jugement que Kavanaugh avait été « clairement négligent » et qu’il avait essayé de faire porter le chapeau aux autres. Il a condamné Kavanaugh personnellement à payer 7,7 millions de dollars de dédommagement à Sitrick. La somme a été confirmée par une cours, mais après que Kavanaugh a juré qu’il ne disposait pas de plus de 100 000 dollars en bien propres, Sitrick a accepté de le libérer de sa peine en échange de la coopération de Kavanaugh dans l’effort de Sitrick pour récupérer ses pertes via sa compagnie d’assurance.
Il n’est pas facile de sortir de la vingtaine avec une réputation aussi abîmée que celle que Kavanaugh avait acquise auprès de l’élite hollywoodienne, et de monter à 30 ans des deals financiers pour Section Eight, la société de production aujourd’hui fermée de George Clooney et Steven Soderbergh. Au cours des premiers temps de Relativity, il y a eu quelques rappels sporadiques du fait que le Kavanaugh prudent et attentif aux chiffres était un personnage assez récent, et que ses talents résidaient plus dans la vente que dans les opérations. Certains ont pris la forme de flashbacks, comme lorsque Sitrick a tenté de rouvrir les poursuites judiciaires en affirmant que Kavanaugh avait dissimulé des actifs. D’autres démonstrations ont eu lieu sur le moment. Relativity a bien envisagé de financer le prequel des Incorruptibles, Capone Rising, avec Nicolas Cage et Gerard Butler à l’affiche, et réalisé par Brian De Palma. La société a fini par renoncer, mais une personne proche du modèle financier se souvient avoir été très étonnée de l’optimisme de la prédiction faite par l’algorithme de Relativity. « J’ai lu les données qui avaient été entrées pour y parvenir. J’ai pensé : il manque quelque chose. J’ai dit : “Où est Snake Eyes ?” » Un flop de Nicolas Cage. « Ils ont répondu : “Oh, on ne prend pas celui-là en compte.” »
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Traduit de l’anglais par Caroline Bourgeret et Nicolas Prouillac d’après l’article « The Epic Fail of Hollywood’s Hottest Algorithm », paru dans New York Magazine. Couverture : Ryan Kavanaugh en décapotable. (Variety/Création graphique par Ulyces)