La cité du vice

Au sommet d’une colline balayée par une brise fraîche, située à la frontière birmane, un Bouddha doré de neuf mètres de haut veille sur Mong La. Mong La, Mecque du jeu et parfaite représentation des aspects les plus singuliers de cette région frontalière. À moins d’1,5 kilomètre dans le dos de la statue se trouve la Chine, dont l’influence sur la ville pèse bien plus lourd que le Bouddha. Depuis plus de vingt ans, des groupes armés issus de minorités ethniques se disputent le contrôle d’une étendue de terre de la taille de la Suisse, recouvrant la partie méridionale de la province du Yunnan en Chine et l’État Shan en Birmanie. Au cours d’un passé commun alternant les périodes de paix et de conflit, ces groupes ont donné naissance à une région pour le moins excentrique dont l’identité est aujourd’hui plus chinoise que birmane. Trois groupes exercent un contrôle de facto sur cette région étonnante : les puissants Wa et leur Armée unie de l’État Wa (UWSA), les Kokang et l’Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA) – elle-même subdivisée en plusieurs allégeances –, et les Mong La, sous la bannière de l’Armée nationale d’alliance démocratique de l’État Shan oriental (NDAA-ESS).

 Un Bouddha de neuf mètres de haut surplombe Mong LaCrédits : Adam Ramsey

Un Bouddha doré de neuf mètres de haut surplombe Mong La
Crédits : Adam Ramsey

Ensemble, ils formaient autrefois le noyau du Parti communiste de Birmanie (PCB), ancien acteur majeur d’un conflit ethnique permanent et de l’une des plus longues guerres civiles au monde – elle est encore d’actualité. Grâce à l’appui de la Chine, juste de l’autre côté de cette frontière poreuse, le PCB est parvenu à résister efficacement au gouvernement du centre de la Birmanie pendant plusieurs décennies, avant de finalement céder face aux pressions en 1989. La position maoïste radicale du PCB n’a jamais été du goût du réformiste Deng Xiaoping, alors Premier ministre de la Chine. Deng a lui-même été démis de ses fonctions par deux fois au cours de la Révolution culturelle chinoise. En outre, l’idée de réforme économique de Deng requérait presque inévitablement une amélioration des relations entre la Chine et le gouvernement militaire birman. Cette réalité a donné au PCB, qui devait déjà faire face à des tensions ethniques fratricides, le sentiment d’être isolé et vulnérable. Les Kokang ont été les premiers à faire scission du groupe, en signant un cessez-le-feu avec la Birmanie en 1989. Les Wa et les Mong La n’ont pas tardé à les imiter. Pourtant, les premiers accords de cessez-le-feu n’ont débouché ni sur un traité de paix, ni sur l’intégration de la région. Bien au contraire, les groupes ont demandé à ce qu’on leur accorde une grande part d’autonomie, et notamment militaire. Ils ont été exaucés. On estime aujourd’hui que l’UWSA à elle seule a sous ses ordres plus de 30 000 hommes. La confusion entre guerre et paix a continué pendant deux décennies de plus, et la région s’est développée à sa façon : les chefs de chaque groupe sont restés proches les uns des autres et gouvernent leurs fiefs en toute tranquillité. Aussi, pendant que leurs homologues de l’armée birmane menaient une lourde opération répressive contre les marchés au noir, les chefs des régions frontalières suivaient une voie moins vertueuse, tirant une bonne part de leurs revenus du trafic de drogue et d’ententes commerciales douteuses avec leurs partenaires au Yunnan.

Un musée dédié à la lutte contre les drogues et son commerceCrédits : Adam Ramsey

Un musée dédié à la lutte contre les drogues et leur trafic
Crédits : Adam Ramsey

Depuis l’année dernière, Mong La suscite nouveau l’intérêt et gagne en notoriété à chaque nouvel article sensationnel. De récents reportages de la BBC, du TIME et du New York Times dépeignent l’image superficielle mais saisissante d’une « cité du vice », d’un « Las Vegas birman », d’un « Est sauvage » débauché échappant au contrôle du gouvernement central birman. Il semblerait que la région – et la ville de Mong La en particulier – soit un temple de la drogue, du jeu et de la prostitution. Il fallait que je voie cela de mes propres yeux.

Région Spéciale 4

Après le décollage de Yangon, je contemple à présent le paysage changeant en-dessous de moi, à travers le hublot d’un petit ATR72, un bel avion à hélice à la forme allongée. Nous volons vers le nord, en suivant approximativement les lacets du fleuve Irrawaddy. Puis nous virons vers l’est après Mandalay, et le paysage se transforme petit à petit pour laisser place à une toile de collines vertes et vallonnées. Alors que nous longeons un petit plateau, je repère ma destination finale, Kyaing Tong, une ville nichée au cœur du célèbre Triangle d’or, à moins de 85 kilomètres au sud-est de Mong La. Kyaing Tong est une ville charmante, avec de petites collines tachetées de pagodes dorées et d’étendues d’eau, parmi lesquelles le pittoresque Lac Naung Tong. C’est une destination touristique plutôt populaire, où se situent accessoirement les bureaux de liaison des Mong La, ainsi que ceux des Wa.

Pendant longtemps, la région a été gérée en plusieurs principautés distinctes.

Si leurs relations restent cordiales, passer les nombreux postes de contrôle militaire entre Kyaing Tong et Mong La nécessite tout de même d’avoir un permis spécial. Heureusement, grâce à une paix ininterrompue depuis des décennies entre le NDAA-ESS et la Birmanie, il est aisé de l’obtenir. Pas besoin de pot-de-vin. Pas trace non plus d’agents exagérément suspicieux ou provocateurs. Peu après, me voilà en voiture, entraîné dans un incroyable tour des collines de Shan. Incroyable autant pour la beauté de ses étendues vertes inviolées que pour ses virages en épingles, qui donnent perpétuellement envie de découvrir ce que cache l’autre côté. Face à la rudesse du paysage, on comprend immédiatement pourquoi les colons britanniques n’ont jamais contrôlé l’État Shan lorsqu’ils prétendaient dominer la Birmanie. Pendant longtemps, la région a été gérée en plusieurs principautés distinctes, chacune d’entre elles sous le contrôle de ses Sawbwas respectifs, ou Seigneurs du ciel, les chefs héréditaires du peuple Shan. Ces anciens chefs étaient le seul moyen qu’avaient les Britanniques, et les Birmans après eux, d’exercer un quelconque pouvoir sur les terres de l’État Shan. Si un seul groupe essayait de contrôler toute la région, le terrain inhospitalier lui causeraient bien du souci. Aujourd’hui, les groupes armés issus de minorités ethniques continuent d’en exploiter la géographie de l’endroit, à leur façon. L’emplacement de ces groupes – tout contre la frontière avec la Chine – leur assure, dans une certaine mesure, un commerce et un soutien – discret ou pas – de leur voisin, qui se révèlent essentiels pour leur développement et leur survie. Paul Keenan, chercheur spécialisé dans la région au Burma Centre for Ethnic Studies (le Centre d’études ethniques birman), me confie qu’il ignore avec qui ces groupes font affaire, en dehors des Chinois du Yunnan.

La ville de Mong La, entourée de collinesCrédits : Adam Ramsey

La ville de Mong La, entourée de collines
Crédits : Adam Ramsey

Pourtant, l’histoire récente a été secouée de grands bouleversements, qui laissent présager d’un potentiel changement géopolitique. Pendant plusieurs décennies, le régime militaire birman a vécu sous la férule d’une politique d’isolement qu’il s’est imposé, lourdement appelée la « voie birmane vers le socialisme ». Le régime s’est ouvert au cours des cinq dernières années, et a rapidement progressé vers de nouvelles réformes et une certaine forme de libéralisation. Résultat, les sanctions européennes ont été levées et la Birmanie promet à présent une amélioration future de ses capacités. Pendant ce temps, Pékin a investi des milliards d’euros en projets d’énergie, d’extraction et de développement à travers le pays, et notamment près de 2,3 millions d’euros pour construire des oléoducs et des gazoducs partant du golfe du Bengale et traversent le Yunnan. Ces conduits flirtent avec les frontières du Kokang, où les récents affrontements inquiètent des deux côtés de la frontière. De retour dans le taxi, je consulte ma montre. J’essaie d’estimer dans combien de temps nous entrerons dans Mong La, de facto la capitale de la zone surnommée « Région Spéciale 4 ». Le conducteur prend un autre de ces virages pleins de surprises avec une assurance imperturbable, et l’on débouche soudain sur une vallée profonde. Des collines d’un vert foncé se dressent de part et d’autre de la route, menaçantes. Alors qu’on s’approche, je remarque quatre ou cinq bunkers camouflés, tapis dans les frondaisons. J’essaie en vain de regarder à travers les fentes sombres qui leur servent d’yeux. Je ne sais pas si ces orbites sont vides ou si quelqu’un m’observe en silence depuis l’intérieur. Un garde armé d’un fusil nous fait signe de nous arrêter. Il prend mon permis alors que je sonde prudemment le reste du poste de contrôle depuis le siège passager. Des drapeaux portant l’insigne du NDAA-ESS sont plantés un peu partout. Sur un grand panneau dont la peinture s’écaille, on peut lire : « Bienvenue dans la Région Spéciale 4 ».

De vieux barils rouillés sont entassés à la périphérie de la villeCrédits : Adam Ramsey

De vieux barils rouillés sont entassés aux portes de la ville
Crédits : Adam Ramsey

Étrangement, même la terre semble différente dans la Région Spéciale 4. Le terrain n’a plus l’air si intact, et même les plus petites collines semblent être l’œuvre d’un paysagiste incroyablement talentueux. Pour la première fois depuis que mon arrivée dans le pays, nous roulons sur une route avec une vraie circulation. D’imposants camions grognent en montant les côtes. Certains sont remplis de matériaux de base, d’autres transportent des dizaines de barils en métal, de l’huile noire s’écoulant de certaines barriques rouillées. Les noms des entreprises chinoises LiuGong et Sinomach sont fièrement inscrits sur la plupart des véhicules. Notre route bifurque sur un sentier caillouteux en mauvais état, et je remarque le chantier presque achevé de ce qui ressemble à une autoroute à quatre voies. L’air est rempli d’une poussière jaunâtre et les collines exposent leur roche rouge-brune. Les arbres qui se trouvaient le long de la route ont presque tous été coupés, remplacés par des cultures de banane et de pastèque. Tout, autour de moi, est en chantier. Au détour d’un autre virage, un casino blanc étincelant, humblement nommé Galaxyse, apparaît devant moi. Juste derrière le bâtiment, un parcours de golf immaculé s’étend à perte de vue. Là où se tenaient auparavant des huttes et des cultures, on trouve aujourd’hui l’Internet haut débit, des fairways savamment entretenus et des restaurants de buffet à volonté. Alors que je regarde autour de moi, j’ai du mal à croire que vingt minutes plus tôt, j’étais en altitude au milieu de la végétation sauvage et pure des montagnes de l’État Shan. En vérité, j’ai du mal à croire que je suis encore en Birmanie tout court.

Des femmes, Shan et chinoises, regardent les tissus au marché de Mong LaCrédits : Adam Ramsey

Des femmes examinent des tissus au marché de Mong La
Crédits : Adam Ramsey

Le maître de Mong La

Un peu plus loin, j’aperçois les contours de la ville ; ou plutôt, je distingue les gigantesques hôtels qui ne peuvent appartenir qu’à Mong La. Mon chauffeur se gare à l’entrée du marché central. Je commence à me diriger péniblement en direction d’un hôtel, près duquel m’attend un ami sino-américain, arrivé de Chine deux jours plus tôt. La ville en elle-même est d’une simplicité surprenante, et elle serait presque pittoresque s’il n’y avait pas ces hôtels et ces énormes chantiers de construction. Le marché fait office de centre-ville. Il s’agit d’une place de 400 mètres, divisée en quadrants, avec un petit rond-point au centre. Tout près, Namp Ma, la rivière boueuse, s’écoule à travers la ville et, au-dessus d’elle, la montagne est truffée de pagodes à l’architecture birmane typique. C’est probablement le seul élément qui indique qu’on n’est pas du côté chinois de la frontière. Même si de nombreuses échoppes portent l’écriture birmane, il est difficile de les voir comme autre chose que de rares vestiges. Les inscriptions birmanes rencontrées sur certains panneaux se sont carrément effacées avec le temps. Dans un élan d’enthousiasme, je prends note de chaque élément incontestablement chinois que j’observe. L’architecture, les panneaux, la langue, les réseaux téléphoniques, les magasins, l’argent, le réseau électrique, la nourriture… Les marques de la Chine sont omniprésentes. Comme le dit si bien mon ami, Mong La « ressemble à n’importe quelle petite ville industrielle chinoise ».

Des références à la Chine sont visibles un peu partout en villeCrédits : Adam Ramsey

Des références à la Chine sont visibles partout en ville
Crédits : Adam Ramsey

Après une rapide visite, mon ami et moi nous asseyons à l’un des bars du marché, et nous appelons le propriétaire. Un homme moustachu venant de Nankin se dirige tranquillement vers nous et nous rapporte deux bières de l’intérieur, des Tsingtao. Je m’installe confortablement et regarde distraitement les autres clients au bar de notre hôte. Je me rends compte que même nos tables sont pliées en deux et qu’il s’agit en réalité de tables automatiques de Mahjong. En théorie, les jeux d’argent sont illégaux en Birmanie et en Chine, j’imagine donc que tout le monde profite de la moindre opportunité qui se présente pour jouer. Je ne tarde pas à m’apercevoir que ces opportunités sont partout.

Comme Mong La, la plupart des villes ici sont connectées au réseau électrique chinois.

Tôt le lendemain matin, mon ami et moi décidons de nous aventurer du côté du marché où l’on vend des produits dérivés d’espèces menacées. À notre arrivée, il n’y a guère que quelques femmes et des hommes à l’air endormi qui exhibent leurs marchandises illicites, à côté des poissonniers et des vendeurs de pastèques. Les objets les plus répréhensibles qu’ils vendent – de la peau de pangolin, des pénis et des pattes de tigres – sont à ma surprise peu nombreux. J’émets aussi des doutes sur leur authenticité. Pas très impressionnés, nous passons ce soir-là par le quartier chaud de la ville, où des femmes distribuent des cartes de visite et discutent chaleureusement avec les curieux. Les hommes en question sont d’origine chinoise. Certaines restent là, devant leurs bordels ouverts. Elles discutent ensemble et rient aux éclats. Lorsqu’on réfléchit au contexte de cette région frontalière, l’aura mystique de Mong La se dissipe rapidement et les curiosités de la ville sont en réalité plus typiques de la région en général. Dans la région du peuple Wa, l’UWSA a également construit des casinos financés par la Chine. Les écriteaux dans les régions des peuples Wa et Kokang sont écrits en chinois et c’est aussi la langue la plus parlée. Comme Mong La, la plupart des villes ici sont connectées au réseau électrique chinois et préfèrent utiliser le yuan comme monnaie. Pourtant, les points communs sont plus profonds que ce que les apparences ou l’omniprésence des activités illégales peuvent laisser croire.

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Après des décennies de contact transfrontalier, les mariages mixtes ont fini de brouiller la limite déjà floue entre les ethnies et les relations qu’entretiennent les différentes régions. Il n’est pas rare, ici, que les gens écrivent leurs noms de deux façons : en chinois et en birman. C’est le cas du maître de Mong La, et il constitue un premier exemple des relations qu’on entretient de part et d’autre de la région limitrophe.

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Certains marchands proposent des marchandises illicites
Crédits : Adam Ramsey

Sai Leun (ou Lin Minxian) est shan-chinois. C’est un baron de la drogue bien connu, et il est également le gendre de Peng Jiasheng, leader de longue date de la région Kokang. Peng Jiasheng, descendant peuple historique des Hans, est un autre baron de la drogue –octogénaire. Il a commandé les forces du PCB du Kokang dans les années 1980, et plus tard vécu à Panghsang, qui était autrefois la capitale du PCB et qui est aujourd’hui la capitale de facto de l’État Wa. De leur côté, les Wa sont le groupe armé issu d’une minorité ethnique le plus puissant du pays. Leurs 30 000 combattants dissuadent sérieusement le gouvernement birman de tenter la moindre intervention. Pourtant, outre leur nombre, l’arsenal militaire de l’UWSA provient presque entièrement de la Chine. Un membre de la Ligue des nationalités shan pour la démocratie (SNLD) a justifié cette dynamique de façon très simple lorsque nous nous sommes rencontrés avant mon voyage : « Les Kokang et les Mong La ne feront rien sans consulter les Wa, et les Wa ne feront rien sans avoir auparavant discuté avec la Chine. » Pourtant, avec les activités commerciales de plus en plus nombreuses entre Pékin et la Birmanie, même les chefs des groupes armés et leurs partenaires commerciaux au Yunnan – qui sont les plus investis dans l’effort mis en place pour renforcer le statu quo – reconnaissent que les temps changent. Mais un chaos trop ostentatoire risquerait aujourd’hui de déclencher une intervention de Pékin ou de Naypyidaw, qui mettrait en danger les fiefs qu’ils ont fini par dominer et qu’ils exploitent à présent.

Une femme Shan travaillant sur le marchéCrédits : Adam Ramsey

Une femme shan travaillant sur le marché
Crédits : Adam Ramsey

Cette dynamique est apparue lorsque Peng Jiasheng a été chassé du Kokang en 2009, les Birmans ayant exploité une faille de sa MNDAA. Presque aucun des autres groupes n’a fait d’effort pour lui venir en aide. Il semblerait qu’au moins un groupe dans la région soit tombé sous le contrôle du gouvernement birman. Mais plus tôt cette année, Peng Jiasheng est revenu prendre sa revanche. Le 9 février, trois jours seulement avant que le pays commémore la Fête de l’Union, il a lancé une contre-offensive sanglante pour reprendre le contrôle du Kokang – un exploit presque irréalisable sans soutien, du moins selon le gouvernement birman. Les accusations vont bon train. Qui a aidé Peng Jiasheng à récupérer le Kokang ? La Chine, les Wa et les Mong La avaient tous intérêt à nier avoir soutenu le vieux seigneur de guerre… Ainsi, pendant que le combat se poursuit au Kokang et que les accusations envers la Chine, les Wa et les Mong La continuent d’affluer, les constructions se font toujours plus nombreuses dans la capitale de la Région Spéciale 4. Les touristes chinois sont le gagne-pain des Mong La, et les hôtels aux noms mettant en avant le jin, « l’or », continuent de promettre la richesse à leurs clients. À présent, ce sont les jeux d’argent qui sont la principale attraction ici. De retour sur le marché de Mong La, depuis la terrasse d’un restaurant judicieusement nommé « Kokang », j’observe le balais incessant des hommes et des femmes qui parient toujours plus d’argent. Ils portent tous une besace pleine de liquide, pendue à leur épaule ou bien nouée autour de leur taille. Des voitures aux plaques portant les inscriptions « SR4 » – immatriculées à Mong La –, « SHN » –dans l’État de Shan – et plusieurs plaques chinoises immatriculées au Yunnan, s’en vont une fois de plus dans la nuit, prêts à courir le risque de tout perdre dans l’espoir de faire fortune.


Traduit de l’anglais par Marine Bonnichon d’après l’article « Burmese Vegas », paru dans Roads & Kingdoms. Couverture : La ville de Mong La, par Adam Ramsey.