Nicolás Sierra Santana Depuis la capture en janvier dernier de Joaquín Guzmán, dit « El Chapo », l’homme le plus recherché du Mexique s’appelle Nicolás Sierra Santana. Patron du cartel des Viagras, qui sévit dans la Tierra Caliente – une région ultra-violente du Mexique à cheval sur les États de Guerrero, de Mexico et du Michoacán –, Santana se fait pour sa part appeler « El Gordo », le gros. D’après les dires de Servando Gómez Martínez, dit « La Tuta », le chef du cartel des Chevaliers templiers arrêté il y a un an ce mois-ci, Los Viagras sont « les pires criminels » qu’il ait jamais connus. Le mois dernier, le journaliste Jeremy Kryt a pu rencontrer secrètement le hors-la-loi dans les environs d’Apatzingán, où les habitants voient pour beaucoup Los Viagras comme des héros qui affrontent à la fois les autres cartels locaux et le gouvernement corrompu. Dans un camp invisible depuis la route, entouré d’une forêt tropicale, le journaliste a rencontré El Gordo entouré d’une douzaine de gardes du corps, AK-47 sur l’épaule et pistolets à la ceinture. Gordo Sierra l’attendait sur une chaise en plastique auprès d’un feu de camp. Jeans, polo, barbe fournie et casquette de baseball bleue, le Jefe avait tout du narco en cavale, jusqu’au sourire narquois à l’évocation de ses poursuivants. « Les autorités savent où je suis, mais ils ont peur de venir me trouver à cause du scandale que je pourrais soulever en racontant ce que je sais. » Il veut parler des liens qu’entretient le gouvernement avec le crime organisé. El Gordo n’avait pas peur. « Le pueblo me soutient ici », a-t-il ajouté. « Ils me protègent, ils me cachent, car je me bats pour les protéger. » Contrairement à El Chapo et ses hommes, Los Viagras préfèrent éviter les zones urbaines et sont habitués à la vie dans les montagnes. Le groupe était auparavant la branche paramilitaire du cartel des Chevaliers templiers, démantelé en 2013 au faîte de sa gloire. Le groupe a abandonné le trafic de meth il y a un moment maintenant, car « le gouvernement est trop fort pour trouver les labos ». Désormais, El Gordo dit ne plus mener d’activités criminelles et lutter aux côtés des autodefensas contre les cartels de la région. De son côté, le gouvernement poursuit Sierra pour trafic de drogue, kidnapping, ainsi que de nombreux meurtres – dont celui de Carlos Rosales, le boss du cartel rival baptisé La Familia Michoacana, abattu en décembre dernier. « La fiscalía (le procureur local) dit que je suis un ennemi du peuple, mais le peuple le sait que son véritable ennemi est le gouvernement », a conclu El Gordo. Source : The Daily Beast Nicolas Prouillac Ils prennent les armes pour lutter contre les cartels du Michoacán. ↓