Les langues mayas s’écrivaient souvent en rouge vif. En analysant les inscriptions laissées sur des monuments en pierre par cette civilisation de Mésoamérique, des chercheurs canadiens de l’université Simon Fraser de Burnaby ont dénombré 144 conflits en cinq siècles. Au début de la période étudiée, vers 900 av. J.-C., le sang coulait trois fois tous les 25 ans tout au plus. Mais 400 ans avant notre ère, des guerres avaient lieu quasiment chaque année. Pour expliquer l’accroissement des tensions, le rapport coordonné par Mark Collard invoque un élément inattendu : le climat. « Les discussions à propos de l’impact du changement climatique sur le comportement des Mayas portaient en général sur la sécheresse », observe Collard. « Notre étude suggère au contraire de se concentrer sur les températures. » Il existe visiblement une relation entre leur accroissement et l’exacerbation des tensions. Mais se battre pour de la nourriture n’avait aucun intérêt tant le maïs était difficile à transporter. La colère des populations vivant à l’époque dans le sud du Mexique, au Guatemala, au Belize, au Salvador ou au Honduras aurait donc davantage à voir avec la chaleur. Collard ajoute qu’elle était sûrement manipulée par les dirigeants. « C’était un outil de l’élite pour conserver son pouvoir », argue-t-il. « Un peu comme quand nos gouvernants paraissent utiliser les conflits entre voisins pour nous distraire des vrais problèmes. » Hélas, ils maîtrisent aussi le budget de la recherche. « Les agences américaines qui ont collecté les données utilisées pour cette étude subissent les coupes de l’administration Trump », déplore le chercheur. Un assèchement en règle de sa matière première. Source : ScienceDirect