Hier, la CIA a rendu publiques 113 lettres saisies en mai 2011, lors du raid mené sur la maison de Ben Laden à Abbottabad, au Pakistan. Le service de renseignement américain avait déjà publié en mai dernier un premier lot de 103 documents. Parmi les nouveaux documents révélés, une lettre adressée à l’une de ses femmes souligne combien le leader d’Al-Qaïda se sentait menacé. Dans un document de trois pages daté de janvier 2011, envoyé à l’adresse de Khairiah Saber, Ben Laden se dit inquiet du fait qu’un dispositif de repérage ait pu être installé dans la dent de sa femme lorsqu’elle a subi une intervention dentaire en Iran. Dans la lettre, il insiste pour qu’elle lui donne le plus de détails possibles quant à l’opération. « Comme je te l’ai déjà dit, ils peuvent insérer une minuscule puce sous ta peau », écrit-il sous le pseudonyme Abu Abdallah. « La puce pèse aussi lourd qu’un grain de blé et elle est aussi fine qu’un petit morceau de vermicelle. » La peur du chef de l’organisation terroriste était notamment justifiée par le fait que la CIA est allée jusqu’à organiser une fausse campagne de vaccination à Abbottabad, dans une tentative de récupérer de l’ADN de ses proches afin de localiser son repère. Parmi les autres précautions observées et les inquiétudes émises par Oussama ben Laden, il demande parfois à ses interlocuteurs de « détruire [la lettre] après lecture », et il avoue se méfier des journalistes. Il recommande notamment à son confrère libyen Atiyah And al-Rahman d’observer la plus grande prudence lors d’une interview avec un journaliste d’Al Jazeera, qu’il soupçonne d’être sous surveillance au sol ou par satellite. Dans une autre des lettres, qui n’est pas écrite de sa main, l’auteur l’avertit qu’ils ont exécuté quatre recrues potentielles car ils avaient peur qu’ils soient des espions, quoique les hommes étaient probablement innocents. « Je ne vous raconte pas cela pour me justifier de ce qu’il s’est passé », écrit-il. « Nous sommes dans une guerre du renseignement et les humains sont les humains. Personne n’est infaillible. »
Source : CIA Theo Padnos raconte sa captivité. ↓