Crédits : Paramount Les stéréotypes sur les Italo-Américains ne sont guère appréciés par la mafia new-yorkaise. En particulier ceux censés être véhiculés par le script du film qui a osé traiter des rouages de l’organisation : Le Parrain. En 1971, l’un des chefs de la Cosa Nostra locale décide de court-circuiter le tournage dirigé par le réalisateur Francis Ford Coppola. Abattu en cours de route, il parvient tout de même à peser sur son scénario. Joseph Colombo Sr, Joe — Crédits : NY Daily News Archive Si les mots « mafia » et « cosa nostra » ne sont jamais mentionnés dans Le Parrain, c’est grâce aux talents de persuasion de Joe Colombo. Homme politiquement engagé, co-fondateur de la Ligue de défense des droits civiques des Italo-Américains, Joe est en réalité un activiste de façade. Il est surtout connu comme une des figures de la pègre new-yorkaise, chef de l’une des cinq familles de la Grosse Pomme associée au crime organisé. Cette qualité l’aide à faire pression sur le producteur du Parrain, Al Ruddy. Suite à de multiples menaces téléphoniques, une fusillade et même une alerte à la bombe, ce dernier finit par lui accorder un rendez-vous. En tête-à-tête avec son agresseur supposé, Ruddy signe un contrat l’obligeant à supprimer de son film toutes références à l’Organisation. Motif de l’escalade : Joe s’inquiétait que l’on puisse coller l’étiquette de malfrat à n’importe quel membre de sa communauté. Mais l’intimidation ne va pas durer. En s’affichant ostensiblement dans les médias auprès de sa fondation, Joe attire autant l’attention du FBI que des autres parrains cherchant à avoir sa peau. Le 28 juin 1971, alors qu’il s’exprime publiquement à quelques encablures du lieu de tournage du Parrain, un homme muni d’une fausse carte de presse sort son calibre et lui tire dessus à trois reprises. Sept ans de coma plus tard, Joe Colombo meurt sur son lit d’hôpital, laissant derrière lui une trace cinématographique indélébile. Source : Vanity Fair