Crédits : Michael Kamper/NYT En mai 2010, Chelsea Manning – alors Bradley Manning – est emprisonnée pour avoir révélé à Wikileaks, alors qu’elle était analyste militaire pour l’armée américaine, des actions illégales commises en Irak et en Afghanistan par les États-Unis. Condamnée en 2013 pour trahison, elle est détenue jusqu’à sa libération par l’administration Obama en mai dernier. Dans un article publié dans le New York Times le 13 septembre, la donneuse d’alerte à présent libre dénonce le système de contrôle dans lequel nous vivons, tout en pointant les paradoxes tirés de sa propre expérience. Au début des années 2010, Chelsea Manning était une des personnalités les plus célèbres et les plus surveillées aux États-Unis. Effacée des systèmes de surveillance pendant ses sept années d’emprisonnement, au cours desquels elle a changé de genre et d’identité, elle témoigne aujourd’hui des difficultés qu’elle a pu rencontrer à sa libération, sa transition n’ayant absolument pas été prise en compte : « Pendant que j’étais incarcérée, je n’avais ni relevés bancaires, ni factures, ni historique de crédit. Dans notre monde de big data interconnecté, je n’étais pas différente d’une personne décédée », écrit-elle dans le New York Times. À sa libération, ce trou noir de sept ans lui a valu d’essuyer de nombreux refus, que ce soit pour accéder à ses comptes, obtenir un permis de conduire ou louer un appartement. Ce qui l’amène dans son texte à pointer du doigt les paradoxes de la dystopie dans laquelle nous vivons d’après elle. Extrait : « Dans la littérature et la pop culture, des concepts comme le concept orwellien de “délit d’opinion” et le “precrime” sont issus de la fiction dystopique. On les utilise pour entraver et punir quiconque est catalogué par des systèmes automatisés comme un criminel ou une menace potentielle, même si le crime n’a pas encore été commis. Mais ces inventions de la science-fiction deviennent rapidement réalité. » Et plus loin : « Maintenant que nous vivons dans un tel monde, il nous faut comprendre comment rester connectés à la société sans pour autant nous en remettre entièrement à des processus automatisés que nous ne pouvons ni voir, ni contrôler. » Pas facile. Source : New York Times