Au IVe siècle av. J-C, Æges était le fief des rois macédoniens. Désormais, c’est une cité antique en Grèce. Elle reste l’un des plus grands mystères de l’Antiquité pour les archéologues. La ville royale a disparu après avoir été supplantée par Pella. Ainsi, pendant des siècles, la localisation de la cité antique est restée inconnue.
Au XIXe siècle, Léon Heuzey, archéologue mandaté par Napoleon III, a mené des fouilles sur la zone. Elles ont permis de découvrir une tombe près de la ville de Palatitsia, qui a été prise à tort pour un vestige de la ville d’Æges. Dans les années 1930, une autre expédition, menée par des archéologues de l’université Aristote de Thessalonique, en Grèce, a exhumé une tombe plus ancienne. À la fin des années 1940, ces découvertes ne permettaient toujours pas de localiser la ville.
Les fouilles se sont ainsi poursuivies jusqu’en 1968, lorsque Nicholas Hammond, historien britannique, a émis l’hypothèse que les ruines découvertes entre les villes de Vergina et de Palatitsia pouvaient être celles d’Æges. Mais cette théorie n’a pas tout de suite été validée.
En 1977, le professeur Manolis Andronikos est tombé sur un inestimable trésor : un tumulus qui renfermait deux tombeaux royaux, simplement baptisés tombe I et tombe II. Un an plus tard, tombe III était découvert. Andronikos était désormais certain d’avoir trouvé le tombeau royal du Roi Philippe II de Macédoine, père d’Alexandre le Grand. Il s’agissait en réalité de trois lits de morts, faits d’or et d’ivoire, surplombés d’une couronne de chêne.
Andronikos a également découvert 47 stèles commémoratives, probablement des tombes d’habitants, datant de la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. Depuis sa mort en 1992, des sanctuaires, une acropole, une vaste nécropole, d’autres tombes datant de l’âge du fer (entre 1000 et 700 av. J.-C.), la porte nord-est de la ville, ainsi que le palais royal ont été déterrés.
Le site concentre désormais les plus importantes constructions de la Grèce antique. Il fait trois fois la taille du Parthénon d’Athènes. Les archéologues ont également exhumé les murs de la forteresse, et d’autres cimetières contenant des centaines de tombes identifiables. Les chercheurs estiment désormais que la ville s’étend sur environ 6 500 hectares de terre.
Mais un grand mystère entoure toujours la mort, et donc la sépulture du Roi Philippe II. On sait qu’il a été poignardé au mariage de sa fille, Cléopâtre, en 336 av. J-C. La découverte de ce qui est considéré par beaucoup comme sa tombe reste l’une des plus grandes découvertes archéologiques du XXe siècle.
Pour les historiens, le scénario de ses funérailles reste pourtant flou. On pense qu’elles ont été organisées par son fils, Alexandre. La première hypothèse est que le corps de Philippe II aurait été rapidement brûlé après sa mort. Ses ossements auraient ensuite été récupérés, nettoyés et placés dans un coffre d’or 24 carats. Mais des traces d’amiante découvertes sur les restes alimentent la seconde hypothèse, selon laquelle le corps aurait été enveloppé dans un drap d’amiante avec la crémation, pour permettre une meilleurs préservation des os.
Le tombeau était garni d’un incroyable arsenal de guerre : lances, piques, protections, armures et casques faits d’or ou d’acier. Les objets découverts dans la tombe II semblent avoir appartenu à une femme guerrière. Plusieurs couronnes d’or et un diadème également présents sont aujourd’hui considérés comme les plus belles pièces de joaillerie antiques jamais découvertes.
Depuis 2009, toutes les découvertes d’Æges font l’objet de recherches approfondies menées par les équipes du docteur Théodoros Antikas. Ces travaux profitent grandement des progrès de la bioarchéologie. De nouvelles théories émergent progressivement. Malheureusement, la technologie n’a pas encore clôt le mystère qui plane sur la nécropole royale de Vergina, puisque l’équipe d’Antikas avance désormais que les ossements découverts dans ces tombes pourraient ne pas être ceux du Roi Philippe II de Macédoine.
Source : David Grant