Retour à Bashiqa
Le vrombissement monotone des avions de la coalition résonne dans le ciel nocturne au-dessus de la ville de Bashiqa. Au sol, perchés sur une colline qui porte le même nom que la ville, des combattants kurdes peshmergas alternent entre observation du territoire ennemi qui s’étend devant eux et examen du ciel, où ils tentent d’apercevoir les avions de la coalition. Dans le lointain, à seulement 14 km de là, les lumières de la deuxième plus grande ville d’Irak s’allument une à une tandis que les habitants de Mossoul commencent une nouvelle nuit sous le contrôle de l’État islamique. Comme dans une grande partie des plaines de Ninive, Bashiqa était jadis une ville mixte. Kurdes, chrétiens, Arabes, Shabaks et Yézidis vivaient ensemble entre ses murs. Aujourd’hui, la ville est pratiquement déserte, seulement peuplée de miliciens de l’État islamique installés ici pour mettre la pression sur les peshmergas postés dans la montagne qui les surplombe.
Malgré de nombreuses discussions sur le sujet depuis plus d’un an, une attaque conjointe des forces irakiennes et kurdes pour prendre ou assiéger Mossoul n’a pas encore eu lieu. L’État islamique a mis ce temps à profit pour fortifier Bashiqa et Mossoul. J’ai visité Bashiqa pour la première fois en 2011, alors que j’écrivais un article sur les Yézidis. Je me souviens qu’alors, ils n’aimaient pas beaucoup les médias. On racontait toutes sortes d’histoires sur eux suite à des problèmes ayant eu lieu en ville, et cela les avait rendus secrets. Je ne suis resté qu’une nuit, dont le meilleur moment fut de boire une bière au bord d’une route de montagne sinueuse en compagnie d’un ami yézidi, en discutant des répercussions politiques de l’invasion de l’Irak en 2003. Ce faisant, nous regardions les lumières de Mossoul s’éteindre tandis qu’une panne d’électricité frappait la ville. Depuis l’invasion de l’État islamique, j’ai eu envie d’y retourner. Située à environ 16 km de Mossoul, la ville de Bashiqa est désormais un endroit stratégique. À l’instar d’autres villes telles que Hamdaniyah, Bashiqa est une ville carrefour. Toute tentative de prendre Mossoul nécessite de prendre d’abord Bashiqa. Bien que les forces kurdes aient déclaré qu’elles ne reprendraient pas Mossoul, elles pourraient soutenir l’armée irakienne quand – et si – celle-ci tente de le faire.
« Aujourd’hui, il n’y a plus que Daesh à Bashiqa », explique Hamid Effendi, ancien ministre peshmerga du Parti démocratique du Kurdistan. Hamid est soldat depuis de nombreuses années. Il a rejoint les peshmergas en 1961 et a pris part au combat durant la première guerre entre l’Irak et le Kurdistan sous Mustafa Barzani, le père du président kurde actuel, Massoud. Hamid a pris sa retraite en 2009, mais il a été rappelé en août dernier quand une offensive de l’EI a provoqué le regroupement des peshmergas dans différentes régions, y compris la colline de Bashiqa. Ici, c’est son secteur. Pour le moment, Hamid ne sait pas combien de temps les peshmergas resteront retranchés ici. « Jusqu’à maintenant, on attend de savoir quel plan nous allons suivre », déclare-t-il dans un anglais parfait. « Nous devons attendre que l’armée irakienne se mette en mouvement avant d’aller où que ce soit. »
En haut de la montagne
Mon traducteur et moi quittons le quartier général d’Hamid et montons à bord d’une grande ambulance fabriquée aux États-Unis. Le véhicule fait route vers le poste de commandement de la 7e brigade. Cette brigade est sous les ordres du ministre des peshmergas, ce qui signifie que les combattants qui la composent viennent de différentes régions du Kurdistan. Un jeune combattant peshmerga, la tête entourée de bandages, est assis à l’arrière de l’ambulance. Il s’est cogné contre une barre de métal ce matin. À présent, il retourne au poste pour obtenir des papiers signés par son commandant. La route qui grimpe sur le dos de la montagne est particulièrement cahoteuse. L’ambulance est secouée de tous côtés tandis que le conducteur tente d’éviter les larges pierres qui encombrent le chemin.
Autour de nous, le paysage est composé des broussailles épineuses habituelles, desséchées par la chaleur de l’été. Des formations rocheuses de forme carrée, évoquant le mont Sinjar, émergent de petites vallées. De petites parcelles de buissons brûlés, que le vent n’a pas encore emporté et couvertes de poussière, indiquent que des fermiers sont venus travailler ici récemment. Au loin, on aperçoit des terres agricoles labourées il y a peu, malgré la guerre toute proche. Nous arrivons enfin au quartier général de la 7e brigade. Son commandant, le général de brigade Bahram, nous accueille dans une tente-cuisine. Dans un coin de la tente, un poste de télévision beugle de la musique kurde. Une grande maquette est exposée derrière lui, qui rend compte de la région environnante. Des soldats en plastique marquent la position peshmerga, et des drapeaux noirs celle de l’EI. Des chars miniatures et des lance-roquettes sont placés près d’une minuscule montagne tout à droite, indiquant la position d’une brigade Zeravani – la gendarmerie kurde, bien mieux équipée – isolée sur une montagne. Bahram fait partie des peshmergas depuis 26 ans, et son quartier général est bien établi. Des logements et des salles sont construites dans la berge, protégées par des blocs de béton et des sacs de sable. La brigade est stationnée ici depuis un an. Auparavant, elle se trouvait à la périphérie de Mossoul.
Il explique qu’il y a eu des combats hier, durant laquelle les tanks peshmergas et les avions de la coalition ont fait feu sur Bashiqa. L’EI a riposté par des tirs de roquettes et de mortiers depuis une autre position. Un peshmerga a été tué, un autre blessé. « Ce n’était pas une grande bataille, c’était une journée comme les autres », dit Bahram en haussant les épaules. Je lui demande quelle est la situation. Bahram m’explique que les peshmergas ne patrouillent pas en direction de l’ennemi, du moins pour l’instant. L’EI est installé à environ 800 mètres de là et les peshmergas sont positionnés en hauteur : ils ne voient pas l’intérêt d’avancer vers la ville. « C’est nous qui dominons ici », dit-il. « C’est une cible facile. »
Sur la ligne de front, le consensus général est que les combats ont eu des conséquences néfastes pour l’EI. Mais Bahram a remarqué certains changements ici. « Les fusillades et les attentats suicides augmentent. La cadence s’est considérablement accrue au cours des vingt derniers jours », affirme-t-il. Selon lui, on doit cette situation aux victoires récentes de l’EI à Anbar. Les tirs de mortiers des rebelles sont souvent précis, et Bahram les attribue à d’anciens soldats de l’armée irakienne. Pour ce qui est de l’armement, Bahram considère que ses troupes sont à peu près aussi bien équipées que celles de l’EI, avec un léger retard technologique. Le soutien aérien qu’ils reçoivent de la coalition est bien accueilli, mais il en faudrait davantage.
Un combattant a repéré les phares d’un véhicule au pied de la colline.
« Parfois, sur une semaine, nous comptons huit à dix cibles où ont été détectées des activités. Mais quand les frappes aériennes ont lieu, elles ne visent qu’une cible à la fois. » Même si Bahram aimerait que plus de frappes soient menées, celles-ci ont eu un effet sur la façon de faire de l’EI. « Avant cela, ils se déplaçaient en larges groupes, mais à présent, ils opèrent en petits sous-groupes et vont plus vite pour éviter les avions », dit-il. L’efficacité des frappes aériennes pourrait venir des forces spéciales canadiennes sur la montagne. La présence canadienne a été confirmée plus tôt cette année, à la suite d’un incident de tir ami dans lequel un soldat canadien a été tué et trois autres blessés par des peshmergas, après une rupture de communication. « Les sbires de Daesh ont essayé de venir ici plusieurs fois mais n’ont pas réussi », conclue dit Bahram alors que nous lui disons au revoir, à lui et à son équipe.
Le front de Mossoul
Nous quittons le quartier général dans un pick-up Ford et nous nous dirigeons vers une position peshmerga plus proche de Mossoul. Au loin, la ville ressemble à une ombre informe dans la brume poussiéreuse de l’après-midi. Des peshmergas nous font signe alors que nous approchons de leur poste. D’autres sont occupés à remplir des sacs de sable depuis avec des petits cailloux blancs récoltés sur un grand amas de terre. Un des combattants ne porte que son gilet pare-balles et un boxer. Même avec la brise qui souffle en haut de la colline, il fait très chaud. À l’instar du quartier général de la brigade, le poste est bien défendu. Les positions sont protégées par des sacs de sable et des constructions en béton renforcé, à l’intérieur des remparts. Les peshmergas sont en train de réparer un mur de sacs de sable qui s’est écroulé suite aux vents violents de la veille. Le mur n’est constitué que d’une rangée de sacs et pourrait s’écrouler encore si le vent souffle trop fort.
Les armes sont partout. Des grenades à propulsion sont posées devant des ouvertures dans le mur de sacs de sable face à la ligne de front, prêtes à être utilisées en cas d’attaque. Une mitrailleuse lourde DShK de 12,7 millimètres est placée sous une bâche en toile pour la protéger de la poussière. Les combattants me disent qu’elle a un problème : elle ne tire que deux ou trois coups puis s’arrête. Sous mes yeux, les soldats enlèvent la bâche et préparent la mitrailleuse pour le soir, le moment le plus actif de la journée. Il en va de même pour l’État islamique. Les Kalachnikov, les mitrailleuses PKM et les fusils G3 donnés par les Allemands sont les armes les plus répandues, avec quelques fusils G36. Pour des missions plus longues, les combattants utilisent des PSL roumains, un fusil de précision designé pour les tireurs qui ressemble au Dragunov SVD russe, mais qui est en réalité une Kalachnikov élargie à l’intérieur.
Je reconnais cette partie de la colline. Nous nous trouvons juste au-dessus de l’endroit où j’ai bu une bière avec mon ami yézidi en parlant de politique. C’est une pensée légèrement surréaliste. De l’autre côté de la route – où le frère d’un de mes amis yézidis qui conduisait sous l’emprise de l’alcool avait quitté la route à flanc de montagne (il a survécu) – se trouve une autre partie de la ligne de front. Au lieu des Kurdes irakiens, cet endroit est occupé par les Kurdes iraniens du Parti pour une vie libre au Kurdistan (le PJAK). Ces combattants travaillent avec les peshmergas kurdes irakiens depuis l’arrivée en force de l’EI dans la région l’an passé. Le soldat mort hier dans l’échange de tirs avec l’EI était un des leurs. Le PJAK considère le régime iranien comme son ennemi, et les médias locaux rapportent que l’Iran sait où se trouvent les combattants du PJAK et qu’il n’approuve pas leurs actions. Mais peut-être que Téhéran devrait se sentir soulagé : leur présence à cet endroit signifie de facto qu’ils ne combattent pas l’Iran.
Le poste du PJAK est plus petit, mais aussi fortifié que celui de leurs homologues irakiens. Ils possèdent des armes similaires ainsi que trois mortiers (un de 82 millimètres et deux de 60) qu’ils utilisent pour bombarder la ville. « Dans un mois, cela fera un an que je suis ici », me confie Hazhar, un combattant peshmerga du PJAK originaire de Bokan, au Kurdistan iranien, qui parle un peu anglais. Jusqu’en août 2014, Hazhar et son unité étaient basés tout près de Mossoul. Ils ont dû se replier sur la colline de Bashiqa avec le reste des peshmergas. Il est presque six heures du soir. La ville de Bashiqa semble étrangement calme, en dessous des positions à flanc de colline. Rien ne bouge pour l’instant – rien qu’on ne voie, en tout cas. À l’exception de la circulation quasi-inexistante, tout semble normal. Mais lorsqu’on regarde de plus près, on aperçoit les impacts de balles et de bombes qui couvrent les bâtiments. On le dit que la mosquée de la ville arborait il y a peu quatre mitrailleuses DShK.
Depuis la ville, quelqu’un tire sur une position peshmerga située sur notre gauche. Le bruit supersonique des coups est étouffé par la distance. Une munition traçante tirée depuis la montagne ricoche sur un immeuble et dérive mollement dans les airs. Tandis que la lumière du jour décline, la métropole tentaculaire de Mosul, deuxième plus grande ville d’Irak abritant environ deux millions d’âme, s’éclaire peu à peu. Bien que la ville se trouve à environ 16 km, on aperçoit très bien sa banlieue. Elle pourrait n’être qu’une simple ville irakienne, inoffensive et banale, mais le drapeau noir de l’État islamique flotte au-dessus d’elle.
Juste après six heures, nous repérons un véhicule qui traverse la ville de Bashiqa. Il se gare en partie dans l’ombre, à proximité d’une grande oliveraie. C’est difficile à dire depuis cette distance, mais il semble qu’une arme est fixée à l’arrière, peut-être une mitrailleuse lourde ZPU de 14,5 millimètres. Les combattants nous disent que les renseignements ont mentionné que d’autres véhicules étaient en mouvement dans la ville. Nous entendons le bruit de deux avions de la coalition, distant et difficile à repérer tout d’abord, il se même à celui du vent qui souffle en haut de la colline. Un peshmerga repère deux combattants de l’EI, l’un vêtu de noir et l’autre en tenue de camouflage, qui courent entre un véhicule stationné et un bâtiment proche. La simple présence des bombardiers de la coalition change la donne.
Les combattants du PJAK balayent la ville à l’aide de jumelles. Ils sont prudents : le mur de sacs de sable derrière lequel nous nous tenons est celui-là même derrière lequel l’un des leurs, Ahura Mukriyani, a été abattu par un sniper la nuit dernière. L’humeur des combattants est sombre, mais les peshmergas iraniens continuent leur travail. On entend le bruit étouffé de l’appel à la prière, qui résonne dans le haut-parleur d’une mosquée de la ville. L’avion continue de planer dans le ciel. Sa seule présence est dissuasive. Les combattants du PJAK supposent que les avions militaires sont canadiens, étant donné la présence de leurs forces spéciales sur la montagne. Ils affirment que les avions canadiens sont très efficaces pour les frappes aériennes.
La bataille
Le bruit de l’avion diminue juste après sept heures. Désormais, nous n’entendons plus que les rafales de vent qui frôlent la montagne. Parmi les combattants, personne ne dit mot, mais leur mécontentement est palpable.
Il fait quasiment nuit à présent, et nous mangeons à la lumière des lampes de poche tandis que les peshmergas kurdes irakiens sont à leur poste. De petits projecteurs sont actionnés devant le poste, qui empêchent de voir clairement l’endroit où les peshmergas veillent, postés derrière dans l’obscurité. Moins d’une heure plus tard, une sentinelle se rue sur la mitrailleuse DShK et ses camarades prennent leurs positions le long du mur de sacs de sable. Un combattant a repéré les phares d’un véhicule au pied de la colline. La sentinelle déplie le levier d’armement sur la mitrailleuse d’apparence très ancienne et tire plusieurs rafales de deux ou trois cartouches chacune depuis le haut de la colline. Des éclairs orangés sortent du canon et illuminent le poste tandis que d’énormes flammes se forment de part et d’autre de la mitrailleuse.
Du côté de la position du PJAK, les combattants tirent quelques cartouches de leur mortiers de 60 millimètres. Au pied de la colline, les lumières disparaissent et les avions de la coalition reviennent. Peu de temps après, nous repérons les phares arrières de deux véhicules dans la seule partie éclairée de Bashiqa. Les peshmergas m’expliquent que le restant de la ville demeure plongé dans le noir pour que les lumières servent de distraction. Les véhicules s’avancent entre les immeubles. Le ciel nocturne est traversé d’un éclair, suivi d’une explosion. Derrière les sacs de sable, nous observons le nuage en forme de champignon qui s’élève lentement de l’endroit où se trouvait l’un des véhicules. Les peshmergas des deux postes – iranien et irakien – applaudissent. La fumée reste suspendue dans l’air du soir, alors qu’une brise légère pousse le nuage vers la gauche. L’avion continue de planer dans le ciel tandis qu’un peshmerga iranien tire plusieurs balles sur la ville à l’aide de son fusil d’assaut G3.
Des véhicules sont toujours en mouvement au loin, sur des routes hors de portée des tirs peshmergas. Un combattant du PJAK tire un autre obus de mortier. Celui-ci atterrit dans un bruit sourd, hors de vue mais dans les environs de la mosquée et de l’emplacement des mitrailleuses. Basés ici depuis un an, les peshmergas du PJAK savent où tirer et ont déjà bombardé la plupart de leurs cibles. Une Lune quasi-pleine, sale et jaune, s’élève dans le ciel. Je fixe l’obscurité et dois attendre un moment que mes yeux s’habituent à la lumière avant de discerner les maisons-fantômes, toutes grises, de Bashiqa. Je me rappelle encore de la maison où j’ai été hébergé quatre ans plus tôt. Une pointe de nostalgie me traverse tandis que je me demande si les miliciens de l’EI dorment désormais dans la maison où mon ami yézidi vivait avec sa famille. Au loin, les lumières de Mossoul scintillent, la vie quotidienne suit son cours. Il n’est pas encore dix heures et la majeure partie de la ville est toujours éveillée. Loin au-dessus de nous, au nord, nous voyons les lumières clignotantes d’un avion de passagers, traversant l’espace occupé il y a quelques heures par les avions de combats.
À Bashiqa, on ne voit qu’une faible lumière vibrer à travers une fenêtre. Elle s’éteint. Sans doute un milicien cherchant quelque chose avant de se coucher. Mes pensées sont interrompues par les tirs caractéristiques d’une Kalachnikov peshmerga, qui fait feu depuis un poste situé à quelques centaines de mètres sur notre droite. Le bruit s’estompe avant d’être avalé par la nuit noire. Un combattant du PJAK fait éclater un dispositif de vision nocturne. D’autre lumières bougent désormais sur les routes contrôlées par l’EI. On perçoit de temps à autre la lumière de feux stop au loin. Je regarde dans la lunette infrarouge et voit ce qui semble être un semi-remorque se garer derrière un bâtiment industriel. Sous la menace de frappes de la coalition, l’EI doit agir durant la nuit. Loin sur notre gauche, quelqu’un tire une fusée éclairante dans les airs, qui retombe lentement sur le sol. Les combattants Zeravani postés sur l’autre montagne veulent voir ce qui se passe près de leurs postes de défense. Un combattant kurde iranien souligne qu’ils sont dotés d’un bien meilleur équipement là-bas : pas de fusées éclairantes dans cette région de la montagne.
La cadence s’apaise dans les deux postes peshmergas tandis que le calme revient sur la montagne. Les combattants commencent à alterner entre tours de garde et sommeil. Nous retournons au poste des peshmergas irakiens. Au clair de lune, sous le ciel étoilé, on trouve les peshmergas au repos en train de dormir à différents endroits le long de la ligne de défense. Des couvertures ont étés étalées sur le sol poussiéreux pour que nous nous reposions. Il est trois heures du matin et le sommeil arrive vite. Un peshmerga me réveille deux heures plus tard. On entend le bruit de tirs isolés venant de Bashiqa. Comme les peshmergas, plusieurs miliciens sont debout et commencent leur routine quotidienne. Rien ne s’est produit pendant nos deux heures de sommeil. Le soleil n’est pas encore apparu, mais notre chauffeur est déjà arrivé. Nous disons au revoir aux peshmergas des deux postes tandis que le grand pick-up Ford nous attend. Le soleil passe au-dessus de la montagne, éclairant les postes peshmergas de la lumière chaude de ses rayons tandis que Mossoul disparaît peu à peu derrière nous.
Traduit de l’anglais par Sophie Ginolin d’après l’article « We Watched Kurdish Fighters Clash With Islamic State », paru dans War Is Boring. Couverture : Un combattant de l’État islamique après la prise de Mossoul.